Entrée libre
Infos pratiques
Place de Sardaigne 2
1227 Carouge
Suisse
Samedi 6 mai, 18h, vernissage de l'exposition suivi d’un concert gratuit d’Oana Dinea
Du 7 au 28 mai, de 8h à 20h
Horaires de fermeture du parc: 22h - 7h
Pendant deux ans, de 2010 à 2011, Charles Fréger (1975) a sillonné l’Europe, du nord au sud, de la Finlande au Portugal en passant par la Roumanie, l’Allemagne ou encore la Slovénie, à la recherche de la figure du sauvage telle qu’elle survit dans les traditions populaires locales.
Ces images archétypales d’un être mi-humain mi-bête ou d’une créature animale ou bien végétale ressurgissent du fond des temps à l’occasion de fêtes rituelles, païennes ou religieuses, qui célèbrent le cycle des saisons, les jours gras, les carnavals ou la veille de Pâques.
Dans le fonds commun des sociétés rurales européennes, ces personnages ou ces animaux emblématiques représentaient des figures protectrices ou des symboles de fertilité. Aujourd’hui, ils évoquent un monde imaginaire, pulsionnel et physique où chacun·e perçoit un rapport ancestral à la nature, où affleurent les ressorts de notre animalité et parfois le désir régressif inhérent à certaines de nos conduites. Charles Fréger parle « d’une figure zoomorphe dont l’aspect rudimentaire et la tenue rituelle renvoient à une universelle nudité ». La tenue ne laisse pourtant entrevoir aucune parcelle de peau, la figure humaine se trouve totalement enfouie sous une avalanche de lourdes fourrures, laines, cloches, cornes et autres matières et accessoires. Là encore, photographiant hors périodes de festivals ou de carnavals, l’artiste met en scène ces personnages dans un environnement naturel qu’il choisit souvent ample et dégagé. Il y a aussi cette autre liberté prise vis-à-vis des silhouettes elles-mêmes : il n’hésite pas à en omettre certaines volontairement et à en photographier d’autres de dos, revendiquant là la partialité de son inventaire, plus poétique que scientifique.
Début 2013, moins de deux ans après son tour de l’Europe, Charles Fréger part pour le Japon afin de découvrir le namahage, un rituel porteur de sermons pour les enfants comme de vœux de bonne santé et de fertilité des sols. Les démons du namahage s’annonçaient comme les pendants nippons du Krampus autrichien portraituré dans Wilder Mann, et donnèrent lieu à une nouvelle campagne photographique, Yokainoshima, achevée en 2015 et dans laquelle l’artiste trace une véritable cartographie des mascarades qui rythment la vie des habitant·e·s du Japon rural. Parallèlement, en 2014, sa rencontre en Louisiane avec les Indien·ne·s de Mardi gras le met sur la piste de ce qui constituera le troisième volet de ce travail dédié aux mascarades : Cimarron, qui s’ancre cette fois dans les territoires des Amériques. Dans un espace géographique s’étendant du sud des États-Unis au Brésil et comprenant seize pays, Charles Fréger dresse un inventaire non-exhaustif des mascarades pratiquées principalement par des descendant·e·s d’esclaves africain·e·s célébrant la mémoire de leurs pair·e·s et leurs cultures singulières.
Ces trois ensembles, s’ils ont tous été marqués par la parution d’un livre de photographies compilant les traditions locales et les explicitant, ne sont pas pour autant clos. Ainsi, à la faveur de nouvelles découvertes, le photographe ajoute ponctuellement à son recueil Wilder Mann une silhouette supplémentaire, repérée en Irlande, en Angleterre, en Alsace… ou, très récemment encore, en Suède.
D’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre, se dégagent les histoires culturelles propres aux régions explorées, dont les mascarades constituent l’écho théâtralisé.